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Felix WEINGARTNER en 1930, Photos de H.Leemann publiées dans la Zürcher Illustrierte, 1930, Cahier 41, page 1315, cliquer pour voir l'original
Hector Berlioz, d'après un portrait signé EV inspiré d'une photographie, Format: 13,5 x 9,5 cm, Droits: domaine public, Identifiant: ark:/12148/btv1b84157788, Source: Bibliothèque nationale de France, département Musique, Est. Berlioz 054, Notice de recueil: http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb38641470v, Notice du catalogue: http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb396026719, cliquer pour voir l'original
Kopf Bild Weingartner 155 250
Illustrant l'en-tête: le jeune Felix WEINGARTNER au piano. À gauche Felix WEINGARTNER, cours de direction à Bâle, 1930. À droite Hector Berlioz, d'après un portrait signé EV inspiré d'une photographie, cliquer sur les photos pour voir les agrandissements et plus d'infos.
Hector BERLIOZ
Ouverture de Benvenuto Cellini, H 76B, Op. 23
Orchestre de la Suisse Romande
Felix WEINGARTNER
1er décembre 1941, Théâtre Municipal, Lausanne

Le Benvenuto Cellini d’Hector Berlioz, fut donné pour la première fois à l’Opéra de Paris le 10 septembre 1838, avec un résultat catastrophique: "[...] La chute de l’oeuvre fut complète; on siffla, on hurla; les musiciens de l’orchestre jouaient tout autre chose que leurs parties; les chanteurs se firent un plaisir de massacrer leurs rôles, et le public de les interrompre par les manifestations les plus inconvenantes et les plus odieuses. [...]" Au bout de trois représentations, l'oeuvre disparut de l'affiche. Pour plus de détails voir par exemple cette page du site www.hberlioz.com.

Par contre, son ouverture est restée au répertoire des concerts. Très dramatique, très vivante surtout, elle commence par un élan rapide, impétueux, allegro deciso, qui personifie le caractère libre et hardi, débordant de passion et de joyeuse audace que l'histoire prête à Benvenuto Cellini. Cité de son ouvrage «L'histoire d'un romantique: Hector Berlioz» - plus particulièrement «Un romantique sous Louis-Philippe: Hector Berlioz 1831-1842», Plon, Paris, 1908 - voici ce qu'écrit Adolphe BOSCHOT, enthousiasmé par cette ouverture:

[...] Berlioz choisit donc, dans sa partition, quelques motifs parmi les plus caractéristiques et qui prêtent le mieux aux développements d’orchestre. Il ne se contente pas de les mettre bout à bout, mais il les développe, les magnifie. Ce n’est pas du tout un pot pourri, ragoût d’arlequins vite cuisinés où des débris de l’opéra sont reliés par une sauce à tout faire. Grâce à son génie de la sonorité, ces motifs, qui dans l’action théâtrale sont subordonnés aux exigences dramatiques, deviennent, dans l’ouverture, les germes d’une musique vraiment symphonique. Même séparée de la partition et entendue comme une page d’orchestre indépendante, cette ouverture a une vie propre: elle vit, comme telle ouverture de Weber ou de Beethoven, par la seule musique et la magie des sonorités. — Néanmoins elle prépare à la partition, car elle est faite de la même substance.

D’abord, à tout l’orchestre, une attaque impétueuse, tourbillonnante: bravoure, insouciance, jeunesse (triolets qui montent en fusées, rythme qui gambade), c’est à la fois l’annonce du carnaval romain et comme une première apparition du fougueux Benvenuto.

Un long silence.

Deux thèmes, de caractères très différents, ne tardent pas à s'opposer, à se faire valoir par le contraste: l’un, grave, solennel, confié aux basses ou trombones, ou aux bassons, c’est l’air du cardinal (À tous péchés pleine indulgence); — l’autre, caressant, tendre, voluptueusement mélancolique (c’est la délicieuse ariette d’Arlequin), murmuré d’abord dans les sonorités idylliques et féminines de l’orchestre, puis chanté passionnément avec les cordes énamourées.

Tout à coup, la joie du début. Il gambade, cet allegro fantasque, impétueux, il gambade comme une bande de joyeux drilles, apprentis que le ciseleur florentin entraîne, parmi les masques et les moccoli, au pourchas d’une aventure galante. Cela bondit, cela court, preste, léger, espiègle, narquois, plein de fougue. Elle passe, cette bande, elle s’éloigne... Un dernier sursaut sonore; et le silence se fait. Tremblante, soutenue par la voix caressante des cors, une clarinette exhale sa plainte; on croit voir passer une jeune fille, toute pâle... En effet, un dialogue s’engage. Insinuants, les violons veulent entraîner dans leurs triolets la mélodie qui hésite, qui se défend, mais bien peu... De nouveau la fête retentit, exhubérante, méridionale, brûlée de soleil et de passion, enivrante, pleine d’effluves et de désirs... La douce, la pâle mélodie reprend encore, redite par un hautbois tremblant ; et l’on entend l’amour, la douleur d’un être faible.

Alors, les violons, dont la voix et la caresse sont rendues plus douces, mais aussi plus ardentes, plus profondes, par le prolongement mêlantcolique des violoncelles, — les violons enlaceurs redisent cette mélodie craintive, et lui communiquent leur flamme. Ils l’entraînent, ils l’enlèvent. La magie sonore de la fête devient resplendissante. Sur le tumulte de la foule qui se rue au plaisir, plane la phrase du cardinal, grande phrase calme, lentement, puissamment déclamée par l’unisson des cuivres. — Eblouissement par le son, cette conclusion de l’ouverture mérite des épithètes chères à Berlioz : elle est irrésistible et foudroyante.

Depuis Beethoven , depuis Weber, aucun musicien, en 1838, n'avait encore écrit une telle ouverture.

Au bout d’un siècle presque, elle parait aussi jeune, aussi étincelante, aussi belle. À part quelques singularités de style, qui sont propres à Berlioz, elle peut être entendue, sans pâlir, après les plus célèbres ouvertures des maîtres classiques.
[...]"



Felix WEINGARTNER a souvent été invité à diriger l'Orchestre de la Suisse Romande - quasiment en voisin, car de 1927 à 1935 il était chef titulaire de l'Orchestre symphonique de Bâle («Sinfonieorchester Basel» SOB), directeur de l'«Allgemeine Musikgesellschaft (Basel)» et de la «Musik-Akademie der Stadt Basel». À partir de 1936, Felix Weingartner et son épouse, Carmen Studer, chef d'orchestre et femme de lettres, prirent domicile à Lausanne.

Un des rares documents sonores de son activité en Suisse Romande est cet enregistrement de l'ouverture de Benvenuto Cellini. Comme lors d'une récente rediffusion il fut daté du 1er décembre 1941, il s'agit d'une prise de son faite à Lausanne, au Théâtre Municipal (ref.: par exemple la Gazette de Lausanne du 24 novembre 1941, annonçant ce concert en page 2). Le même programme fut donné le jeudi suivant à Genève, au Victoria-Hall. La première partie du concert du lundi 1er décembre fut diffusée en différé le mercredi 3 décembre 1941 à 20h15 sur l'émetteur de Sottens (ref: Journal de Genève du 3 décembre en page 7). À cette époque de guéguerre des orchestres en Suisse Romande, Radio-Genève et Radio-Lausanne avaient convenu de se partager la diffusion des concerts, cette dernière diffusant l'une des moitiés et Radio-Genève l'autre. Radio-Genève diffusa donc sa moitié le lendemain, jeudi 4 décembre 1941, à 20h (ref.: Journal de Genève du 4 décembre en page 7). Petit détail amusant: Radio-Genève doit avoir du diffuser la prise de son de Radio-Lausanne du 1er décembre, le concert à la radio commençant à 20h, donc bien avant la deuxième partie du concert donné ce soir là au Victoria-Hall...


Cité de la brochure-programme du concert que donna Felix Weingartner avec l'OSR le 23 octobre 1940 dans le Victoria-Hall de Genève, dédicacé du 27 janvier 1931

Le concert du jeudi 4 décembre fut commenté le lendemain par Albert PAYCHÈRE - enthousiasmé! - dans le Journal de Genève en page 5:

"[...] L'Orchestre de la Suisse romande - Félix WEINGARTNER

Parmi les grands chefs, Félix Weingartner possède assurément la plus belle baguette. C'est un don, c'est aussi une école, et ce n'est point dans l'art de diriger une qualité secondaire, une élégance extérieure. Pour parler exactement, c'est une technique. On la peut comparer à celle de l'archet chez le violoniste.

J'entends ceux qui n'y entendent rien me répondre: mais alors, comment expliquez-vous les réussites de tant d'interprètes éminents qui sont loin d'avoir ce prestige du geste?

Hé! bien, leurs répétitions sont plus laborieuses et, au concert, il y a moins d'aisance chez ceux qui jouent, moins de sécurité parfois.

Les études faites, le rôle du chef consiste à rappeler, à demander ce qui a été convenu, ainsi qu'à créer ce courant sympathique par lequel une collectivité réagit à l'unisson, réalise une unanimité dans la sensibilité et l'élan. La même idée peut s'exprimer en termes plus clairs ou moins clairs. Ici, c'est la baguette qui tient lieu de langage. Il y a certainement avantage à s'exprimer clairement.

Mais il faut encore faire la distinction entre les habiletés de pupitre, celles qui écarteront toute équivoque, qui sauveront toujours un passage vétilleux — c'est là le pur métier et il a d'ailleurs son prix — et la véritable virtuosité de baguette, celle qui assure une réalisation matérielle impeccable, en même temps qu'elle traduit avec éloquence et fidélité une pensée et les nuances de cette pensée.

Chez Félix Weingartner, ce langage atteint un degré de perfection: il commande la précision, il suggère l'expression rythmique aussi bien que l'expression mélodique, il dicte à chaque instrument sa nuance propre dans l'ensemble, il pèse chaque accent, il compose les volumes sonores, il évoque même le timbre!

Avez-vous, au cours de la soirée, surpris la moindre très fugitive sensation de déséquilibre au moment de ce qu'on appelle une «entrée», lorsque des instruments en groupe ou isolés se superposent on se passent la suite du discours? N'avez vous pas admiré la régularité de progressions obtenues dans la diversité de l'élément sonore; la souplesse et la fermeté du dessin sous les couleurs changeantes?

Clarté merveilleuse du tableau orchestral jusque dans son détail, justes perspectives, harmonie des contrastes; voilà l'impression d'ensemble de ce concert vu sous l'angle de la pure musique. Et vu sous l'angle de l'émotion dont une forme musicale peut être l'enveloppe sensible et que l'interprète doit dégager?

Il ne fut pas moins remarquable. Jamais la Huitième Symphonie de Beethoven ne me parut plus vivante, plus fraîche, plus jolie. D'entrée l'allegro con brio accusa son élan joyeux qui ne fit que monter au cours du morceau. Le second mouvement eut vraiment son caractère de gracieux badinage. Le menuet fut rendu sans lourdeur et chanté comme on le chante rarement Quant au finale, il développa magnifiquement son exubérante et parfois presque déconcertante fantaisie.

Dans les limites du style le plus châtié, M. Félix Weingartner mit en oeuvre tout le puissant dynamisme de l'Ouverture de Léonore n° III.

En passant de Beethoven à Berlioz, le program me ménageait une chute qu'on ressentit moins du fait que l'entr'acte s'insérait entre eux. Derrière l'éloquence un peu triviale de l'Ouverture Benvenuto Cellini, M. Weingartner sut retrouver cet accent de sincérité par quoi le maître français force la sympathie et souvent l'admiration.

Je place le Siegfried Idyll
[...] parmi les plus radieuses, si ce n'est la plus radieuse impression, que m'ait produites cet ouvrage. Cela tenait au charme d'une sonorité toujours sobre mais toujours sensible, à un mouvement très allant, à des nuances délicates sans affectation.

Et pour terminer, nous eûmes les Préludes de Liszt, cette page si romantique dont les éléments sont bien inégaux mais toute palpitante de vie. C'est ce que M. Weingartner sut nous faire sentir profondément, sans rien abandonner de cet idéal de mesure, d'équilibre qui est le sien et qui confère à toutes ses interprétations tant de dignité avec tant de noblesse.

Chaleureusement applaudi après chaque numéro du programme, ce grand chef fut, à la fin du concert, l'objet d'une vibrante ovation. Quatre rappels n'épuisèrent pas l'enthousiasme du public. Ne manquons, ainsi que le fit M. Weingartner, pas d'associer notre orchestre à ce succès.

A. P. [...]"

(Pour le compte-rendu du concert du lundi précédent à Lausanne voir la Gazette de Lausanne du mercredi 4 décembre en page 3).

L'enregistrement pleure et gratte par endroits, a un peu souffert vers la fin, mais j'ai préféré ne pas essayer de plus le restaurer: il est comme il a été radiodiffusé. Malgré ces défauts, c'est un document exceptionnel, et aussi l'un des derniers concerts de Felix Weingartner, hélas décédé seulement quelques mois plus tard, le 7 mai 1942, à l'hôpital de Winterthour: il passait quelques jours chez Oskar Reinhart et était tombé malade. Felix Weingartner repose au cimetière Rosenberg de cette ville.

Voici donc...

Hector Berlioz, Ouverture de Benvenuto Cellini, H 76B, Op. 23, Orchestre de la Suisse Romande, Felix Weingartner, 1er décembre 1941, Théâtre Municipal, Lausanne

Allegro deciso con impeto - Larghetto - Allegro deciso con impeto 09:35

Provenance: Radiodiffusion, Archives RSR resp. RTS

que vous pouvez obtenir en...

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(*) 1 fichier CUE pour les fichiers décomprimés en WAV et 1 fichier CUE pour les fichiers comprimés FLAC, si votre logiciel peut utiliser directement les fichiers FLAC.







Hector Berlioz, d'après un portrait signé EV inspiré d'une photographie, Format: 13,5 x 9,5 cm, Droits: domaine public, Identifiant: ark:/12148/btv1b84157788, Source: Bibliothèque nationale de France, département Musique, Est. Berlioz 054, Notice de recueil, Notice du catalogue, photo.