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Illustrant l'en-tête: le jeune Felix WEINGARTNER au piano.
Hector BERLIOZ
Ouverture de Benvenuto Cellini, H 76B, Op. 23
Orchestre de la Suisse Romande
Felix WEINGARTNER
1er décembre 1941, Théâtre Municipal, Lausanne

Pour une courte présentation des neuf oeuvres du genre de l’ouverture de concert composées par Hector BERLIOZ, voir au début de cette page de mon site.

Pour une courte présentation de l'Ouverture de Benvenuto Cellini, H 76B, Op. 23, voir cette autre page de mon site.



Felix WEINGARTNER a souvent été invité à diriger l'Orchestre de la Suisse Romande - quasiment en voisin, car de 1927 à 1935 il était chef titulaire de l'Orchestre symphonique de Bâle («Sinfonieorchester Basel» SOB), directeur de l'«Allgemeine Musikgesellschaft (Basel)» et de la «Musik-Akademie der Stadt Basel». À partir de 1936, Felix Weingartner et son épouse, Carmen Studer, chef d'orchestre et femme de lettres, prirent domicile à Lausanne.

Un des rares documents sonores de son activité en Suisse Romande est cet enregistrement de l'ouverture de Benvenuto Cellini. Comme lors d'une récente rediffusion il fut daté du 1er décembre 1941, il s'agit d'une prise de son faite à Lausanne, au Théâtre Municipal (ref.: par exemple la Gazette de Lausanne du 24 novembre 1941, annonçant ce concert en page 2). Le même programme fut donné le jeudi suivant à Genève, au Victoria-Hall. La première partie du concert du lundi 1er décembre fut diffusée en différé le mercredi 3 décembre 1941 à 20h15 sur l'émetteur de Sottens (ref: Journal de Genève du 3 décembre en page 7). À cette époque de guéguerre des orchestres en Suisse Romande, Radio-Genève et Radio-Lausanne avaient convenu de se partager la diffusion des concerts, cette dernière diffusant l'une des moitiés et Radio-Genève l'autre. Radio-Genève diffusa donc sa moitié le lendemain, jeudi 4 décembre 1941, à 20h (ref.: Journal de Genève du 4 décembre en page 7). Petit détail amusant: Radio-Genève doit avoir du diffuser la prise de son de Radio-Lausanne du 1er décembre, le concert à la radio commençant à 20h, donc bien avant la deuxième partie du concert donné ce soir là au Victoria-Hall...


Cité de la brochure-programme du concert que donna Felix Weingartner avec l'OSR
le 23 octobre 1940 dans le Victoria-Hall de Genève, dédicacé du 27 janvier 1931

Le concert du jeudi 4 décembre fut commenté le lendemain par Albert PAYCHÈRE - enthousiasmé! - dans le Journal de Genève en page 5:

"[...] L'Orchestre de la Suisse romande - Félix WEINGARTNER

Parmi les grands chefs, Félix Weingartner possède assurément la plus belle baguette. C'est un don, c'est aussi une école, et ce n'est point dans l'art de diriger une qualité secondaire, une élégance extérieure. Pour parler exactement, c'est une technique. On la peut comparer à celle de l'archet chez le violoniste.

J'entends ceux qui n'y entendent rien me répondre: mais alors, comment expliquez-vous les réussites de tant d'interprètes éminents qui sont loin d'avoir ce prestige du geste?

Hé! bien, leurs répétitions sont plus laborieuses et, au concert, il y a moins d'aisance chez ceux qui jouent, moins de sécurité parfois.

Les études faites, le rôle du chef consiste à rappeler, à demander ce qui a été convenu, ainsi qu'à créer ce courant sympathique par lequel une collectivité réagit à l'unisson, réalise une unanimité dans la sensibilité et l'élan. La même idée peut s'exprimer en termes plus clairs ou moins clairs. Ici, c'est la baguette qui tient lieu de langage. Il y a certainement avantage à s'exprimer clairement.

Mais il faut encore faire la distinction entre les habiletés de pupitre, celles qui écarteront toute équivoque, qui sauveront toujours un passage vétilleux — c'est là le pur métier et il a d'ailleurs son prix — et la véritable virtuosité de baguette, celle qui assure une réalisation matérielle impeccable, en même temps qu'elle traduit avec éloquence et fidélité une pensée et les nuances de cette pensée.

Chez Félix Weingartner, ce langage atteint un degré de perfection: il commande la précision, il suggère l'expression rythmique aussi bien que l'expression mélodique, il dicte à chaque instrument sa nuance propre dans l'ensemble, il pèse chaque accent, il compose les volumes sonores, il évoque même le timbre!

Avez-vous, au cours de la soirée, surpris la moindre très fugitive sensation de déséquilibre au moment de ce qu'on appelle une «entrée», lorsque des instruments en groupe ou isolés se superposent on se passent la suite du discours? N'avez vous pas admiré la régularité de progressions obtenues dans la diversité de l'élément sonore; la souplesse et la fermeté du dessin sous les couleurs changeantes?

Clarté merveilleuse du tableau orchestral jusque dans son détail, justes perspectives, harmonie des contrastes; voilà l'impression d'ensemble de ce concert vu sous l'angle de la pure musique. Et vu sous l'angle de l'émotion dont une forme musicale peut être l'enveloppe sensible et que l'interprète doit dégager?

Il ne fut pas moins remarquable. Jamais la Huitième Symphonie de Beethoven ne me parut plus vivante, plus fraîche, plus jolie. D'entrée l'allegro con brio accusa son élan joyeux qui ne fit que monter au cours du morceau. Le second mouvement eut vraiment son caractère de gracieux badinage. Le menuet fut rendu sans lourdeur et chanté comme on le chante rarement Quant au finale, il développa magnifiquement son exubérante et parfois presque déconcertante fantaisie.

Dans les limites du style le plus châtié, M. Félix Weingartner mit en oeuvre tout le puissant dynamisme de l'Ouverture de Léonore n° III.

En passant de Beethoven à Berlioz, le program me ménageait une chute qu'on ressentit moins du fait que l'entr'acte s'insérait entre eux. Derrière l'éloquence un peu triviale de l'Ouverture Benvenuto Cellini, M. Weingartner sut retrouver cet accent de sincérité par quoi le maître français force la sympathie et souvent l'admiration.

Je place le Siegfried Idyll
[...] parmi les plus radieuses, si ce n'est la plus radieuse impression, que m'ait produites cet ouvrage. Cela tenait au charme d'une sonorité toujours sobre mais toujours sensible, à un mouvement très allant, à des nuances délicates sans affectation.

Et pour terminer, nous eûmes les Préludes de Liszt, cette page si romantique dont les éléments sont bien inégaux mais toute palpitante de vie. C'est ce que M. Weingartner sut nous faire sentir profondément, sans rien abandonner de cet idéal de mesure, d'équilibre qui est le sien et qui confère à toutes ses interprétations tant de dignité avec tant de noblesse.

Chaleureusement applaudi après chaque numéro du programme, ce grand chef fut, à la fin du concert, l'objet d'une vibrante ovation. Quatre rappels n'épuisèrent pas l'enthousiasme du public. Ne manquons, ainsi que le fit M. Weingartner, pas d'associer notre orchestre à ce succès.

A. P. [...]"

(Pour le compte-rendu du concert du lundi précédent à Lausanne voir la Gazette de Lausanne du mercredi 4 décembre en page 3).

L'enregistrement pleure et gratte par endroits, a un peu souffert vers la fin, mais j'ai préféré ne pas essayer de plus le restaurer: il est comme il a été radiodiffusé. Malgré ces défauts, c'est un document exceptionnel, et aussi l'un des derniers concerts de Felix Weingartner, hélas décédé seulement quelques mois plus tard, le 7 mai 1942, à l'hôpital de Winterthour: il passait quelques jours chez Oskar Reinhart et était tombé malade. Felix Weingartner repose au cimetière Rosenberg de cette ville.

Hector Berlioz, Ouverture de Benvenuto Cellini, H 76B, Op. 23, Orchestre de la Suisse Romande, Felix Weingartner, 1er décembre 1941, Théâtre Municipal, Lausanne

Allegro deciso con impeto - Larghetto - Allegro deciso con impeto 09:35

Provenance: Radiodiffusion, Archives RSR resp. RTS

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