Les portraits de Heinz HOLLIGER à droite: Heinz HOLLIGER en 1962, photo citée de cette page du site books.openedition.org/contrechamps/, en dessous Heinz HOLLIGER à Lucerne, Heinz Blättler/Archiv LUCERNE FESTIVAL, photo citée de cette page du site blog.lucernefestival.ch: cliquer sur ces liens resp. les photos pour voir les originaux et leurs références.
Johann Sebastian BACH
Concerto pour hautbois, cordes et basse continue
en fa majeur BWV 1053R
Heinz HOLLIGER
Orchestre de chambre romand
Alain MILHAUD, SMS-2305
La partition originale du concerto pour hautbois en fa majeur BWV 1053R est perdue, et on ne sait même pas avec certitude pour quel instrument solo il fut composé! Mais depuis longtemps la majorité des musicologues est d'avis qu’il s’agissait probablement du hautbois (d'amour). On ne sait pas non plus exactement quand il fut composé, mais la période Cöthen (début des années 1720) de Bach a été suggérée. Ce concerto pour hautbois n'est entré dans le répertoire des hautboïstes qu'au milieu du siècle passé, car il ne fut publié qu'en 1955, par le hautboïste allemand Hermann Töttcher qui en réalisa la première reconstruction avec le compositeur et organiste Gottfried Müller.
C'est grâce à l'habitude qu'avait Bach de transcrire ses propres oeuvres instrumentales, ainsi que de les intégrer dans sa musique sacrée en les transformant, qu'il fut possible de reconstituer l'état premier de plusieurs de ses oeuvres instrumentales. Pour ce concerto, sa substance fut transmise sous deux formes différentes, l'une provenant de deux de ses cantates (datant de 1726), avec la partie solo attribuée à l'orgue, l'autre étant son utilisation dans le concerto pour clavecin en mi majeur BWV 1053 (datant d'env. 1738):
"[...] On ne peut cependant pas dire avec certitude que la forme originale du Concerto pour clavecin en mi majeur BWV 1053 qui nous est connu, se présentait sous la forme d’un Concerto pour hautbois d’amour en fa majeur BWV 1053R . Entre cette forme originale (ou une autre) et la version sous forme de concerto pour clavecin, Bach utilisa les différents mouvements avec orgue obligé en tant qu’instrument soliste pour deux autres oeuvres vocales. Ainsi le premier mouvement fait son apparition en tant que sinfonie introductive dans la Cantate »Que Dieu ait mon coeur« BWV 169 – exécutée le 18ème dimanche après la Trinité de l’année 1726; le deuxième mouvement du concerto paraît dans la même cantate sous forme de partie instrumentale de l’air d’alto »Meurs en moi«. Les deux morceaux sont en ré majeur. Le troisième mouvement concertant ouvre la Cantate »Je vais à ta recherche plein d’espoir« BWV 49 qui a été exécutée deux semaines plus tard, le 20ème dimanche après la Trinité de la même année. La structure musicale du concerto se compose d’un large mouvement de départ dans lequel les premiers violons sont mis en valeur en partie vis à vis du soliste concertant, ou d’un deuxième mouvement chantant sur le rythme balancé d’une danse sicilienne tout à fait conforme à l’art de la composition de Bach. [...]"
cité d'un texte de Michael Märker, dans une traduction de Sylvie Roy, publié en 1999 dans le vol. 131 de la collection Bach/Rilling parue chez Hänssler Classic
Sur ce disque Musical Masterpiece Society / Guilde Internationale du Disque SMS-2305 les concertos pour hautbois de Jean-Sébastien Bach et Jean-Marie Leclair sont interprétés par le jeune Heinz HOLLIGER, qui venait d'obtenir un premier prix au Concours International d'Exécution Musicale de Genève 1959:
"[...] AU CONCOURS INTERNATIONAL D'EXÉCUTION MUSICALE
La première séance avec orchestre
M. Peter Fuchs, de Zurich, premier hautboïste à entrer en lice, possède une sonorité moelleuse et joue avec finesse en phrasant posément. Quelques bavures techniques ici et là. Son camarade français, Jacques Vaudeville, témoigne d'un jeu un peu plus facile et ses exécutions, sans avoir peut-être le même charme, sont d'un dessin légèrement plus net. Mais sitôt qu'apparaît M. Heinz Holliger (de Langenthal), on ne songe plus à détailler le jeu de l'exécutant, car on se trouve en présence de l'artiste véritable qui dépasse dès lors son instrument. [...]" Franz WALTER dans le Journal de Genève du 1er octobre 1959, en page 9.
Le lundi suivant, Franz WALTER écrivait dans le Journal de Genève du 5 octobre 1959, en page 9:
"[...]Conclusion du Concours international d'exécution musicale
Samedi soir, le traditionnel concert final des lauréats a marqué la fin du présent concours international. Quatre premiers prix ont finalement enrichi la moisson de cette année, dont deux réservés au seul hautbois et un concentré sur un duo piano-violoncelle, alors que dans la discipline du piano, un vainqueur très brillant, M. Jean-Paul Sévilla a réussi à attacher un certain éclat à son premier prix. Son interprétation renouvelée du concerto en mi bémol de Liszt devait confirmer d'ailleurs tout le bien que l'on peut penser de ce jeunes artiste et de son talent singulièrement équilibré, déjà très mûri et d'une parfaite santé spirituelle. Mais le moment le plus rare de la soirée nous le devons tout de même, je crois, au mouvement lent du concerto de Marcello interprété par le hauboïste Heinz Holliger dont la sonorité a un cachet si personnel et émouvant et le phrasé une délicatesse et une flexibilité miraculeuses. Ce qui n'enlève rien d'ailleurs des mérites très évidents de son camarade français Jacques Vandeville au talent probe et fin. [...]"
Les extraits du Journal de Genève cités ci-dessus sont rendus accessibles grâce à la splendide banque de données de letempsarchives.ch, qui est en accès libre sur la toile, une générosité à souligner!
Heinz HOLLIGER, peut-être à l'époque du Concours de Genève 1959: je n'ai pu trouver aucunes informations sur cette photo - si une personne visitant cette page devait en savoir plus, toutes informations m'intéressent -> Vos remarques!
Sur ce disque de la «Musical Masterpiece Society» / «Guilde Internationale du Disque», Heinz Holliger est accompagné par un orchestre nommé «Orchestre de chambre romand», le tout étant placé sous la direction du chef d'orchestre genevois Alain MILHAUD
Cet «Orchestre de chambre romand»... Il doit s'agir en fait de l'éphémère «Ensemble Instrumental Romand», qui fut fondé en 1959-1960 par Alain Milhaud. Dans la Gazette de Lausanne du 16 avril 1960 en page 5 on peut en effet lire:
"[...] Fondé par Alain Milhaud il y a quelque mois, l'Ensemble Instrumental Romand poursuit des buts on ne peut plus louables: décentraliser la musique hors des grandes villes de notre pays, en donnant des concerts de valeur dans des cités passablement prétéritées, musicalement parlant, et fournir des occasions de travailler aux jeunes musiciens qui, au sortir du Conservatoire, manquent généralement de débouchés pratiques.
Nous avons entendu l'Ensemble Instrumental Romand à Vevey, au cours de la tournée qu'il effectue actuellement. Le programme était composé d'oeuvres de Corelli, J.-S. Bach, Sandor Veress, Cimarosa et Mozart. D'emblée nous avons été frappé par le sympathique état d'esprit qui anime les jeunes musiciens de cet ensemble. Doué d'un véritable tempérament de chef, aux gestes sobres et précis, Alain Milhaud a su leur insuffler son enthousiasme et son dynamisme. Aussi ses exécutions, vivantes et colorées ontelles conquis le public veveysan qui réserva aux jeunes interprètes un accueil véritablement triomphal.
[...] Un des atouts importants de l'Ensemble Instrumental Romand est évidemment la participation que lui accorde Heinz Holliger, hautbois, premier prix du dernier Concours international de Genève. Ce merveilleux instrumentiste, doué d'une exceptionnelle sensibilité, était l'interprète du Concerto pour hautbois et orchestre en fa majeur de J. S. Bach. On peut regretter que, par instants, le soliste, capable des nuances les plus délicates, ait été couvert par les cordes qui, en fonction du soliste, paraissaient un peu épaisses. Nous retrouvions Heinz Holliger dans deux mouvements du Concerto en do majeur de J.-M. Leclair, accordés en bis à la fin du concert. [...]" cité de la Gazette de Lausanne du 16 avril en page 5.
Même chef, même soliste, mêmes oeuvres: ce disque SMS-2305 ne peut avoir été enregistré qu'à cette occasion, et doit être l'un des premiers disques de Heinz Holliger.
À noter qu'il existe aujourd'hui un orchestre portant ce nom d'«Ensemble Instrumental Romand», mais qui fut fondé bien plus tard - en 1995 - par Eric Bauer, et qui n'a certainement aucune liaison avec celui de ce disque, autre que le nom.
Johann Sebastian Bach, Concerto pour hautbois, cordes et basse continue en fa majeur BWV 1053R, Heinz Holliger, Orchestre de chambre romand (Ensemble Instrumental Romand), Alain Milhaud, SMS-2305
1. Allegro 08:26 (-> 08:26)
2. Siciliano 05:19 (-> 13:45)
3. Allegro 06:48 (-> 20:33)
Provenance: Musical Masterpiece Society / Guilde Internationale du Disque SMS-2305
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Heinz HOLLIGER en 1962, photo citée de la page https://books.openedition.org/contrechamps/1797?lang=fr
Heinz HOLLIGER à Lucerne, Heinz Blättler/Archiv LUCERNE FESTIVAL, photo citée de la page https://blog.lucernefestival.ch/blog/2014/05/21/herzlichen-glueckwunsch-heinz-holliger-wird-75/