Frédéric CHOPIN
Trois Valses Brillantes, Op 34
Sondra BIANCA
MMS-2131, 1956 ou 1957
La danse tient une grande place dans les oeuvres de Frédéric Chopin. À l'opposé des valses de ses contemporains viennois, par exemple les Strauss et Lanner pères et fils, les Valses de Chopin ne sont pas destinées aux salles de bal: elles sont plus des poèmes que des pièces faites pour la danse - des paraphrases poétiques et stylisées, qui possèdent certes les caractères ryhtmiques de la Valse, mais qui dépassent de beaucoup le «but utilitaire» de la musique de danse. Elles ont été composées à différentes époques de la vie de Chopin: les plus anciennes remontent aux derniers mois passés à Varsovie, les plus récentes datent des années qui précédèrent sa mort.
Un grand nombre de ses valses est dédié à des jeunes femmes de la société qu'il fréquentait: une partie parce qu'elles lui furent inspirées par des penchants du coeur, d'autres certainement dues à des considérations pratiques: elles devaient servir à assurer son existence professionnelle de maître de piano dans les riches familles parisiennes.
Les quatorze Valses rassemblées sur ce disque de Sondra BIANCA sont celles universellement connues et inscrites au répertoire de tous les pianistes: huit furent publiées du vivant de leur auteur (op. 18, 34, 42 et 64), les autres furent éditées à titre posthume (op. 69, 70 et Op. posth. en mi mineur).
On connaît toutefois aujourd'hui cinq Valses de plus, toutes publiées longtemps après la mort de Chopin: trois oeuvres de jeunesse écrites entre 1827 et 1829 (en mi majeur, en la bémol majeur et en mi bémol majeur), éditées à Leipzig en 1902, une courte Valse en mi bémol majeur, datée du 20 juillet 1848 et probablement composée, pour le banquier Émile Gaillard, élève et ami de Chopin, et une Valse en la mineur, qui aurait été écrite pour Mme Charlotte de Rothschild. Ces deux dernières valses ne furent éditées qu'en 1955, étaient donc encore quasiment inconnues lors de la parution de ce disque.
La première oeuvre publiée sur le recto de ce disque MMS-2131 est la Valse No 2, Op. 34 No 1, en la bémol majeur - la première des «Trois Valses Brillantes», qui furent certes publiées ensemble en 1838, mais écrites entre 1831 et 1838. Robert Schumann voyait en elles «des valses pour les âmes plus que pour les corps».
Dédiée à Mlle de Thun-Hohenstein, l'une des deux soeurs dans la famille desquelles il avait été reçu à Teschen (Cieszyn, en Silésie), la Valse No 2 fut composée en 1835. C'est une vaste pièce en plusieurs sections, avec un épisode central empreint de lyrisme passionné.
"[...] Tous les artifices ondulatoires d'une virtuosité brillante sont ici utilisés, - tels ces cabrioles d'arpèges se déployant sur les rebondissements de la basse. Cette Valse étincelante et sentimentale à la fois, débute par seize mesures qui ont toutes les apparences d'un exorde, et se conclut par une coda rapide s'apaisant pianissimo avant les deux forts accords de la cadence finale [...]"
La Valse No 3, Op. 34 No 2 - selon le pianiste Stephen Heller, c'était la Valse préférée de Chopin - est dédiée à son élève, la baronne C. d'Ivry. Écrite en 1831, elle est parfois nommée «Valse du regret» ou «Valse mélancolique», débutant par une phrase mélancolique à la main gauche qui évoque le violoncelle.
"[...] Mélancolique, elle l'est en effet, mais ce sentiment provient surtout de sa tonalité mineure et du contour sinueux du thème de la main gauche. Jean-Jacques Eigeldinger souligne qu'elle est «l’une des plus riches en éléments dérivés du folklore polonais». Les épisodes modulants intermédiaires s'écartent quelque peu du style de la Valse, pour s’orienter vers celui de la Mazurka. C'est un retour du motif nostalgique initial qui mène à l'épilogue; mais, avant de conclure, la main gauche s'anime une dernière fois dans de doux méandres qui ondulent dans le grave du clavier. [...]"
La courte Valse No 4, Op. 34 No 3, fut composée en 1838 et dédiée à Mlle A. d'Eichtal, fille d'un financier ami de Chopin. Par son brio et sa virtuosité, elle offre un contraste frappant aux deux autres Valses de cet opus.
"[...] elle ressemble davantage à une valse de salon pleine de brio. Elle se caractérise surtout (mesures 83 à 125) par de pittoresques appoggiatures bondissantes qui lui ont valu le surnom de «Valse du chat» [...] et qui auraient été inspirées à Chopin par les sauts légers d'un petit chat sur les touches de son clavier. Mais on se souviendra ici que Chopin détestait les sous-titres accolés à ses oeuvres! [...]"
Les citations ci-dessus proviennent du Guide de la musique de piano et de clavecin, François-René Tranchefort, Fayard, 1987.
MMS-2231, étiquette recto
Ces enregistrements sont parus sur le disque Musical Masterpiece Society (resp. Guilde Internationale du Disque ou nom semblable, selon le pays) MMS-2131 en 1956 ou 1957, le dernier MMS 30cm listé dans le 3e Supplément du WERM - couvrant la période 1953-1955 - étant le MMS-2031. Cinq de ces valses - No 1, op. 18; No 7, op. 64 no 2; No 6, op. 64 no 1; No 9, op. 69 no 1; No 11, op. 70 no 1 - sont également parues sur le petit disque 33 tours 7" MMS-941:
À noter que le motif de la pochette de ce MMS-941 a aussi été utilisé pour d'autres pochettes, que légèrement modifié, comme par exemple celle du MMS-959 avec Vlado Perlemutter, et également des oeuvres de Chopin.
Les exemplaires à ma disposition pour les restaurations de disques Concert Hall, Musical Masterpiece Society & sociétés affiliées viennent en majeure partie de l'inépuisable collection de Stefan KRAMER, que je remercie pour sa générosité.
Voici donc...
Frédéric Chopin, Trois Valses Brillantes, Op 34, Sondra Bianca, 1956 ou 1957
01. Valse No 2, Op. 34 No 1, en la bémol majeur - Vivace 04:41 (->04:41)
02. Valse No 3, Op. 34 No 2, en la mineur - Lento 05:19 (->10:00)
03. Valse No 4, Op. 34 No 3, en fa majeur - Vivace 02:22 (->12:22)
Provenance: MMS-2131
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MMS-2231, étiquette verso
