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Maurice Ravel, 1910, source: Bibliothèque nationale de France, droits: domaine public, identifiant: ark:/12148/btv1b8423948g
Maurice Ravel, 1930, sur le balcon de sa maison à Montfort l'Amaury, source: Bibliothèque nationale de France, droits: domaine public, identifiant: ark:/12148/btv1b84239776
Maurice Ravel, 1907, une photo faite par Pierre Petit, source: Bibliothèque nationale de France, droits: domaine public, identifiant: ark:/12148/btv1b84239457
Maurice Ravel, 1910, source: Bibliothèque nationale de France, droits: domaine public, identifiant: ark:/12148/btv1b8423949w
Kopf Bild Ansermet 155 250
Les portraits de Maurice Ravel à gauche et à droite proviennent de la Bibliothèque Nationale de France, cliquer sur les photos pour voir leurs agrandissements et leurs références.

Maurice RAVEL
La Valse
Poème chorégraphique pour orchestre, M 72
Orchestre de la Société des Concerts
du Conservatoire de Paris
Ernest ANSERMET
1947 et 1953

L'idée première de «La Valse» remonte à 1906 déjà: Maurice Ravel éprouvait pour la valse «une sympathie intense et toute particulière pour (ses) rythmes admirables, et pour la joie de vivre qui s'y exprime». On retrouve d'ailleurs ce type de danse dans plusieurs autres de ses oeuvres: dans «L'Heure Espagnole», «Ma Mère L'Oye», «L'Enfant et les Sortilèges» et - bien sûr - dans les «Valses Nobles et Sentimentales».

Maurice RAVEL, extrait d'une photo d'Albert Harlingue et Roger-Viollet
             Maurice RAVEL, extrait d'une photo d'Albert Harlingue et Roger-Viollet

Maurice Ravel, alors âgé de 30 ans, envisageait de composer un poème symphonique pour le ballet, avec une apothéose de la valse. L'idée lui était venue lors d'une conversation avec le chorégraphe Diaghilev. Dans leur correspondance ils nomment ce projet «Wien», en hommage au compositeur viennois Johann Strauss (*). Ce projet est toutefois interrompu par la Première Guerre Mondiale. À la fin de celle-ci, Maurice Ravel - très marqué par ce terrible cataclysme - traverse une longue période de dépression, agravée par la mort de sa mère, qu'il chérissait. Pendant un certain temps il cesse même de composer. En février 1919, il recommence toutefois de travailler sur «La Valse».

(*) "[...] En composant La Valse je ne songeais pas à une danse de mort ni à une lutte entre la vie et la mort. ... J'ai changé le titre, Wien, en La Valse, qui correspond mieux à la nature esthétique de la composition. C'est une extase dansante, tournoyante, presque hallucinante, un tourbillon de plus en plus passionné et épuisant de danseuses, qui se laissent déborder et emporter uniquement par la valse. [...]" (Ravel dans un interview du De Telegraaf, 30 sept. 1922, repris dans Orenstein, p.345. (Arbie Orenstein, [ed.] Maurice Ravel: lettres, écrits, entretiens. Paris, Flammarion, 1989).

En décembre 1919, Maurice Ravel se retire chez des amis en Ardèche, où il termine de composer «La Valse»: l'oeuvre est achevée en mars 1920 (écrite d'abord pour piano, ensuite transcrite pour deux pianos et finalement orchestrée, selon M. Marnat, Maurice Ravel (Paris : Fayard, 1986), p. 474).

Son argument est résumé par un court texte très connu, publié en exergue de la partition: «des nuées tourbillonnantes laissent entrevoir par éclaircies des couples de valseurs. Elles se dissipent peu à peu: on distingue une immense salle peuplée d'une foule tournoyante. La salle s'éclaire progressivement. La lumière des lustres éclate au fortissimo. Une Cour impériale, vers 1855.». Le cataclysme de la guerre lui fait cependant revoir son projet d'hommage aux fastes de la valse viennoise de Johann Strauss: il conçoit alors son oeuvre comme «une métaphore de la grandeur, de la décadence, puis de la destruction de la civilisation»: à l'image romantique et fastueuse de la cour viennoise du XIXe siècle, illustrée par les Valses de Strauss, succéde l'image d'un monde décadent, menacé par la ruine et la guerre.

La première audition de l'oeuvre a lieu en concert le 12 décembre 1920, l'Orchestre des Concerts Lamoureux étant dirigé par Camille Chevillard: en concert parce que Diaghilev avait refusé de représenter La Valse aux Ballets Russes, arguant (en avril 1920, lors de l'écoute d'une exécution privée par Ravel et Marcelle Meyer de la version pour deux pianos) que «C'est un chef-d'oeuvre, mais ce n'est pas un ballet. C'est de la peinture de ballet!», une réaction que rapporte Francis Poulenc dans son livre «Moi et mes amis» (édition La Palatine, 1963, p. 177) et qui fut à l'origine d'une brouille entre Ravel et Diaghilev.

Les différentes chroniques rapportent des réactions très partagées: pour Capdevielle «La Valse est une sorte de névrose exaspérée», Lindenlaub écrit au contraire que «La Valse envoûte et crée un [...] vertige, des angoisses, des détresses. Cette frénésie montante et lugubre, la lutte entre ce Johann Strauss qui ne veut pas mourir et cette course à la ruine qui prend une allure de danse macabre. Ravel a retrouvé les valses d'antan au milieu des ruines, du vide du temps présent». (passages cités d'après  cette page du site coge.org)

Sur «La Valse», Christian Goubault écrit:

"[...] La Valse fut conçue initialement pour piano seul, mais avec des indications instrumentales exigeant une troisième portée, injouable par un seul exécutant, puis pour deux pianos, avant de connaître son état orchestral définitif. Ces versions sont presque identiques, à part une mesure ajoutée dans la transcription orchestrale et une modification de la mesure finale où le rythme fut changé au cours d’une répétition d’orchestre avec Ernest Ansermet. Aux quatre croches/noire de la version pour deux pianos, Ravel substitue un quartolet de noires dans la mesure à trois temps, ce qui rend le paroxysme final encore plus troublant.

Ravel n’était pas satisfait de l’orchestration du début de sa partition dont il n’entendait pas les premières mesures dans les enregistrements discographiques et radiophoniques. Il avait l’intention d’y remédier en rendant l’instrumentation plus transparente et de diriger lui-même la nouvelle version. Ce fut Manuel Rosenthal qui, avec l’approbation du compositeur, retoucha discrètement ce début dont «le micro ne veut pas».

Un tremblement ondulant pp presque inaudible – auquel s’ajoutent des pizzicati graves – aux contrebasses avec sourdine et divisées en trois pupitres, se propage aux violoncelles, à la 1re harpe et aux timbales. Sur ce sourd grondement s’impriment des lambeaux mélodiques joués par les bassons et prolongés par des trémolos sur la touche des violons et des altos, ou en alternance par des cors.

D’autres fragments mélodiques apparaissent aux altos, puis aux flûtes, en doublure aux hautbois, enveloppés dans des glissandi des contrebasses, dans des traits des clarinettes et de la 3e  flûte (trait chromatique en trémolo), dans des roulements de timbale et dans des trémolos des cordes.

Tout semble s’organiser, mais, au contraire, la musique se désagrège: il ne reste plus qu’une tenue du 1er basson et un trille grave des contrebasses, au moment où disparaît la nuée tourbillonnante des danseurs
[...]".

Voir aussi cette page du site articlassique.blogspot.com (texte archivé au bas de cette page) pour une autre courte description de l'oeuvre.

******************************

Ernest Ansermet dirigeant «La Valse» de Maurice Ravel, un court métrage de Jean-Jacques Lagrange, réalisé en 1957 pour la Radio Télévision Suisse Romande et proposé en CREATIVE COMMONS CC BY NC CD par le site Notre Histoire:


Si vous désirez le visionner avec votre lecteur vidéo préféré vous pouvez télécharger ce fichier video. Vous pouvez aussi visionner ce court métrage sur la page cor­res­pon­dante du site de Notre Histoire.

Ernest Ansermet enregistra La Valse de Maurice Ravel quatre fois pour le disque. D'abord à deux reprises avec l'Orchestre de la Société des Concerts du Conservatoire de Paris (OSCCP), puis deux fois avec son Orchestre de la Suisse Romande, en avril 1958 (*) et en avril 1963. Il existe en outre un certain nombre d'enregistrements faits en concert.

(*) il s'agit de séances d'enregistrement des Tableaux d'une Exposition et de La Valse, mais qui ne sont pas parus, Ernest Ansermet n'ayant été apparamment pas satisfait du résultat: les disques auraient été les SXL 2018, LL 3071 et CS 6045 - ainsi que CEP 565 pour La Valse seule, sur un petit 17 cm 45 tours -, mais qui ne sont pas parus. Du moins en ce qui concerne La Valse: l'enregistrement des Tableaux d'une Exposition fut refait en novembre 1959, et publié.

Son premier enregistrement avec l'OSCCP est paru sur 78 tours, puis fut repris sur 33 tours; le deuxième enregistrement est paru uniquement sur 33 tours.

Le premier enregistrement fut fait au Kingsway Hall de Londres. Les données sur la date de l'enregistrement divergent notablement selon les sources. hector.ucdavis.edu indique la date du 6 octobre 1947, ainsi que scona.ch, qui a probablement repris les mêmes données. La parution plus récente sur CD - Cascavelle VEL 3319, 4e CD - indique par contre octobre 1949.

Si l'on se base sur les données de Michael Gray on constate qu'Ernest Ansermet se trouvait bien à Londres en octobre 1947: Michel Gray indique qu'il enregistrait la symphonie de Psaumes avec le London Philarmonic Orchestra, également au Kingsway Hall. Également en octobre 1947, Charles Munch enregistrait au Kingsway Hall avec l'OSCCP.

À partir de 1948 l'OSCPP a fait tout ses enregistrements à la Maison de la Mutualité de Paris: ceci incite donc à considérer la date du 6 octobre 1947 comme étant la plus plausible. Il semble en effet peu probable que l'OSCCP se soit déplacé à Londres en 1949, seulement pour enregistrer La Valse. En outre le Gramophone Archive cite ces deux 78 tours dans la page 5 du numéro d'août 1948.

La discographie Decca de Philip Stuart confirme la datation du 6 octobre 1947.

Le second enregistrement fut donc fait à Paris, Maison de la Mutualité, en juin 1953: il appartient à une petite série d'enregistrements qu'Ernest Ansermet effectua dans la période 8, 12, 15 au 19 et 22 au 25 juin 1953, données confirmées par la discographie Decca de Philip Stuart.


Voici donc les deux enregistrements faits avec l'OSCCP...

Decca LLP 22

L'enregistrement paraît d'abord sur 78 tours - AR11617-20, Pr: Victor Olof Eng: Arthur Haddy, en août 1948, resp. juillet 1949 T5114-15 = LA93 - puis fut publié sur 33 tours, parution en août 1949 sur le LONDON LLP 22, couplé avec 'Le Boléro', Charles Munch dirigeant l'Orchestre de la Société des Concerts du Conservatoire. Une publication était prévue pour 1950 sur le DECCA LXT 2526, mais ce disque n'est jamais sorti.

Maurice Ravel, La Valse, Poème chorégraphique pour orchestre, Orchestre de la Société des Concerts du Conservatoire de Paris, Ernest Ansermet, 6 octobre 1947, London, Kingsway Hall

Decca LXT 2896

Cet enregistrement de La Valse (FAR323-26) est sorti en février 1954 - DECCA LXT 2896 - resp. mai 1954 - LONDON LL 956.

Maurice Ravel, La Valse, Poème chorégraphique pour orchestre, Orchestre de la Société des Concerts du Conservatoire de Paris, Ernest Ansermet, juin 1953, Paris, Salle de la Mutualité

Provenance: Radiodiffusion resp. LXT 2896

que vous pouvez obtenir en...

pour un téléchargement libre, depuis mon site

2 fichiers FLAC, 2 fichiers CUE (*) et 1 fichier PDF dans 1 fichier ZIP

(*) 1 fichier CUE pour les fichiers décomprimés en WAV et 1 fichier CUE pour les fichiers comprimés FLAC, si votre logiciel peut utiliser directement les fichiers FLAC.



Vous pouvez écouter l'enregistrement de la Valse de 1947 en ligne comme mp3...



... ou télécharger ce fichier mp3 sous ce lien.
(fichier hébergé chez Mediafire)



Vous pouvez écouter l'enregistrement de la Valse de 1953 en ligne comme mp3...



... ou télécharger ce fichier mp3 sous ce lien.
(fichier hébergé chez Mediafire)



Maurice Ravel, 1910, source: Bibliothèque nationale de France, droits: domaine public, identifiant: ark:/12148/btv1b8423948g

Maurice Ravel, 1907, une photo faite par Pierre Petit, source: Bibliothèque nationale de France, droits: domaine public, identifiant: ark:/12148/btv1b84239457

Maurice Ravel, 1907, une photo faite par Pierre Petit, source: Bibliothèque nationale de France, droits: domaine public, identifiant: ark:/12148/btv1b84239457

Maurice Ravel, 1910, source: Bibliothèque nationale de France, droits: domaine public, identifiant: ark:/12148/btv1b8423949w






Reproduit ci-dessous, le texte de http://articlassique.blogspot.com/2011/07/maurice-ravel-la-valse-1919-1920-2e.html

mardi 19 juillet 2011
Maurice Ravel - La Valse (1919-1920) / 2e partie

Ecrit pour grand orchestre de chambre (bois par trois), la Valse est faite de deux grands crescendos.

L’introduction est sourde et mystérieuse, pianissimo, avec des trémolos et des pizzicati des contrebasses. Les bassons révèlent des bribes du premier thème, prolongé par des trémolos des violons.

Un glissando de harpe introduit ce premier thème, élégant et gracieux, exposé par les violons. Le second thème, également très chantant, est exposé par les hautbois, puis repris par les violons. L’accompagnement, composé en gammes chromatiques ascendantes et descendantes, et de trilles rapides, permet d’éclairer et d’enrichir les thèmes principaux. On perçoit aisément les influences viennoises dans la composition. Cependant, Ravel semble s’amuser de la tradition en exagérant régulièrement la traditionnelle suspension entre le deuxième et le troisième temps de la mesure.

L’ensemble se mêle, gonfle jusqu’à exploser. Les cuivres et les percussions font deux appels retentissants sur un rythme quasi-militaire de deux doubles- croche. Les cordes enchaînent sur une série de bariolages complexes, tandis que l’accompagnement reprend le rythme classique de la valse viennoise (silence-noir-noir).

La transition avec la seconde partie est particulièrement originale : Ravel énonce le thème dans l’extrême aigu au piccolo, le fait redescendre, passe le relais aux bois, puis aux violons, puis aux violoncelles… et fait ainsi en sorte que l’orchestre tombe vers le grave et le silence.

Cette seconde partie reprend globalement les mêmes procédés d’orchestration, par épisodes. Cependant, ce deuxième crescendo est plus court et surtout beaucoup plus véhément, ramassant les thèmes et les rythmes multiformes pour les briser les uns contre les autres. En effet, après un court moment d’apaisement, tout s’accélère: les différents épisodes, les différents thèmes sont repris par l’orchestre, de plus en plus rapidement. Une certaine confusion s’installe, au fur et à mesure que l’harmonie disparaît. Les violons enchaînent des rythmes saccadés, en même temps qu’on entend en accompagnement de gigantesques montées chromatiques (des contrebasses aux trompettes !).

Juste après le climax, Ravel ralentit subitement, comme pour reprendre son souffle et jouer avec les nerfs de ses auditeurs.

Le rythme obsessionnel revient très vite, accompagné par une montée psychotique des cuivres. Ravel ne respecte plus réellement les règles de base de la valse : on voit de plus en plus apparaître des séries de quartolets (notamment aux cordes et aux bois). De plus les déplacements des accents toniques du troisième vers le deuxième temps (amplifiés par des appuis marqués), l’auditeur perd le rythme même de valse.

On entre alors dans un tourbillon sauvage de notes et de rythmes d’une violence inouïe. Certains y ont vu une influence du Sacre du Printemps de son ami Stravinsky. La Valse s’achève subitement sur une série de cinq notes – qui sonnent comme cinq coups – rapides, par tout l’orchestre.

Publié par Florian