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Ernest Ansermet et Frank Martin, Genève 1962, Cliquer sur la photo pour voir l'original et ses références
Frank Martin composant, Naarden, automne 1973, Cliquer sur la photo pour voir l'original et ses références
La Terre, extrait de Die vier Elemente, allegorische Darstellung von August Essenwein im Kaiserdom Königslutter (1890), Cliquer sur la photo pour voir l'original et ses références
L'Eau, xtrait de Die vier Elemente, allegorische Darstellung von August Essenwein im Kaiserdom Königslutter (1890), Cliquer sur la photo pour voir l'original et ses références
L'Air, extrait de Die vier Elemente, allegorische Darstellung von August Essenwein im Kaiserdom Königslutter (1890), Cliquer sur la photo pour voir l'original et ses références
Le Feu, extrait de Die vier Elemente, allegorische Darstellung von August Essenwein im Kaiserdom Königslutter (1890), Cliquer sur la photo pour voir l'original et ses références
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Frank MARTIN
Les quatre éléments
Études symphoniques pour grand orchestre
Orchestre de la Suisse Romande
Ernest ANSERMET
7 octobre 1964, Victoria-Hall, Genève
Première audition
          En guise de courte présentation de l'oeuvre, les compte-rendus publiés dans la presse locale lors de sa première audition.     

«J.P.» (*) écrivait dans la Gazette de Lausanne du 6 octobre 1964 en page 3:     

"[...] Ernest Ansermet a dirigé lundi soir au Théâtre de Beaulieu le premier concert d'abonnement de cette saison de l'OSR. Au programme figuraient la «Symphonie Jupiter» de Mozart, le «Concerto pour violon» de Willy Burkhard, interprété par Hansheinz Schneeberger, les «Quatre Eléments» de Frank Martin et l'«Apprenti sorcier» de Dukas. [...]"

Ernest Ansermet et Frank Martin, Genève 1962
À gauche: Ernest Ansermet et Frank Martin, Genève 1962, une photo citée de cette splendide page du blog «Celui qui chantait toujours» de Patrick Crispini, novembre 2016; à côté: Les Quatre Éléments, une représentation allégorique de August Essenwein au Kaiserdom Königslutter (1890) , de cette page en allemand de Wikipedia.

"[...] Les «Quatre éléments» (Etudes symphoniques) de Frank Martin ont été composés par l'auteur de Golgotha à l'occasion du quatre-vingtième anniversaire d'Ansermet et dédiés à celui-ci. Ces pages attestent combien Frank Martin sait se renouveler tout en restant fidèle à lui-même. Génie subjectif, Frank Martin possède aussi la faculté précieuse de se détacher de lui-même pour mieux observer et mieux décrire. Mais, par l'effet d'un choc en retour, c'est précisément son instinctive sensibilité qui lui permet de peindre, en poète et en symboliste, la Terre, l'Eau, l'Air et le Feu. J'ai admiré l'équilibre et la plénitude de la «Terre» et le sens extraordinaire de l'irréel dont témoigne Frank Martin dans l'«Eau», véritable chef-d'oeuvre d'insaisissable sensibilité. Si l'«Air» m'a moins vivement frappé à la première audition, j'ai éprouvé dans le «Feu» des sensations d'une curieuse nouveauté, par le ton fantasmagorique de l'ensemble et la disposition de l'harmonie.

Les pages furent traduites avec un art admirable par Ansermet et l'OSR. Frank Martin, qui était dans la salle, fut chaleureusement acclamé par un public sensible à la grandeur de son message.
[...]" «J.P.» dans la Gazette de Lausanne du 6 octobre 1964 en page 3 (*) «J.P.» devrait être Jacques Poulin). [retour]

          Le compte-rendu de Franz WALTER publié le lendemain du concert de Genève:

"[...] Deux oeuvres contemporaines et suisses de surcroît — mais oui — formaient le centre du programme de ce premier concert de l'abonnement, Mozart ayant délégué son «Jupiter», et Dukas son «Apprenti sorcier» pour les encadrer solidement. [...]

L'oeuvre que Frank Martin a intitulée «Les quatre éléments», mérite qu'on s'y arrête quelque peu. Elle est dédiée à Ernest Ansermet à l'occasion de son quatre-vingtième anniversaire et l'auteur nous a confié avoir eu sans cesse devant lui la personnalité et la baguette du chef de l'OSR en la composant. C'est dire que dans ces «quatre études symphoniques» — car elles portent ce sous-titre — Frank Martin n'a pas craint d'accumuler les problèmes qui pouvaient exciter la sagacité d'un tel chef. Elles sont en effet d'une écriture souvent très complexe et serrée, enchevêtrée, même, où de multiples éléments paraissent à première vue insaisissables ou pour le moins bien difficiles à coordonner. Je pense, par exemple, au dernier morceau, avec ses rythmes diaboliques et ses sortes de flammèches sonores qui la traversent de part en part.

C'est ainsi que l'oeuvre, dans son ensemble, présente deux aspects caractéristiques. L'un qui est rattaché à l'extérieur, à la matière même des éléments — il s'agit successivement de la Terre, de l'Eau, de l'Air et du Feu — que le compositeur évoque et qui prend parfois ce caractère foisonnant. L'autre, qui pénètre plus profondément dans l'essence des choses et au travers duquel on peut trouver la contemplation personnelle et les réactions intimes de l'auteur. Mais nous sommes assez loin de la contemplation debussyste; celle de Martin apparaît infiniment plus tourmentée et plus subjective aussi.

Il est vrai qu'il s'est inspiré des paysages du Grand Nord et d'Islande, de paysages sauvages et désolés qui peuvent expliquer le caractère tragique que prend souvent le morceau consacré à la Terre. Mais le Feu aussi, malgré certaines violences, est un feu assez sourd et, somme toute très austère, auquel il manque peut-être un certain élément de facilité extérieure, ou simplement de panache, pour arracher au public le succès qu'une telle pièce mériterait.

Pourtant, à y regarder de plus près, on découvre une virtuosité instrumentale étonnante de bout en bout de cette oeuvre, et une maîtrise de la matière orchestrale extraordinaire. En effet, malgré la complexité de l'écriture, il n'y a jamais aucun empâtement, aucune surcharge, aucune épaisseur de trop, mais au contraire la plus subtile interpénétration. Et l'élément expressif qui se superpose ou s'intègre à la matière sonore y trouve toujours son juste relief. Un élément expressif où la présence de Martin se manifeste par certains traits qui sont comme autant de signatures du compositeur: tel contour chromatique caractéristique, telle irisation d'accords parfaits, tel jeu de majeur-mineur.

Malgré cela, c'est une oeuvre qui ne ressemble à aucune autre de Martin; et une fois de plus il a su trouver, avec une absolue sûreté de main, des solutions neuves à des problèmes nouveaux! Faisant fi des effets traditionnels, Martin, après avoir dans la Terre évoqué les grands espaces et les grands amas, a trouvé aussi bien pour l'Eau que pour l'Air des irisations sonores et des reflets harmoniques aussi sensibles qu'originaux. Et c'est par des ovations entièrement méritées que le public fit fête au compositeur présent dans la salle. Ovations qui, dès son entrée, accompagnèrent également Ernest Ansermet qui, infatigable, s'apprête, après ses voyages au Japon et en Grèce, à partir pour Hambourg y préparer des représentations de Boris Godounov. Le chef de l'OSR chargea d'une magnifique vitalité l'oeuvre de Frank Martin qu'il conduit avec sa conviction et sa pénétration coutumières.
[...]" Franz WALTER dans le Journal de Genève du 8 octobre 1964 en page 8.

          L'oeuvre n'a pas de «programme» narratif proprement dit, chaque mouvement développe une forme propre et claire à partir de la juxtaposition de matériaux thématiques. Frank Martin expliqua les motivations sous-tendant la pièce d’une manière clairement destinée à assister l’auditeur au cours de sa première rencontre avec l’oeuvre:

"[...] Ce que j’ai tenté d’exprimer dans cette musique, c’est l’impression que me causait la vue de certains paysages. Pour la Terre, j’avais à l’esprit les amoncellements de rochers nus que j’avais vus aux environs du Cap Nord ou les plaines infinies du centre de l’Islande. Pour l’Eau, j’ai revu, toujours en Islande, les paisibles rivières au bleu indéfinissable, les immenses cataractes et les grands lacs où tout s’apaise. Pour l’Air, je n’ai pensé qu’à la légèreté en elle-même ou, plus rarement, au souffle du vent dans les arbres. Le Feu a été pour moi la vision du brasier rougeoyant et des flammes claires qui s’en échappent. Ce sont donc des visions, telles qu’elles étaient en moi gravées, qui ont orienté et dirigé mes recherches musicales. [...]"

Frank Martin avec son épouse Maria, Genève 1960
Frank Martin avec son épouse Maria, Genève 1960, une photo citée de cette splendide gallerie de photos du site www.frankmartin.org

          L'enregistrement proposé en écoute sur cette page provient du premier concert de l'abonnement de la saison 1964-1965, donné par l'Orchestre de la Suisse Romande sous la direction d'Ernest ANSERMET le 7 octobre 1964 au Victoria-Hall de Genève. Au programme:

   Wolfgang Amadeus Mozart, Symphonie No 41
   Willy Burkhard, 2e Concerto pour violon, op. 69
   Frank Martin, Les quatre éléments
   Paul Dukas, L'Apprenti sorcier

Comme c'était un concert d'abonnement, le même programme avait été donné le lundi précédent à Lausanne.

          Le concert de Genève fut diffusé en direct sur Sottens, à 20h30, dans le cadre du traditionnel concert du mercredi soir (REF).

          Rediffusé récemment sur Espace 2, dans le volet «1964» de la série «Poussière d'étoile - Les annales radiophoniques de l'OSR» de Jean-Pierre AMANN:

Frank MARTIN, Les quatre éléments, Études symphoniques pour grand orchestre, Orchestre de la Suisse Romande, Ernest ANSERMET, 7 octobre 1964, Victoria-Hall, Genève, Première audition

39:26 Présentation: Jean-Pierre AMANN
40:32 1. La terre: Molto lento
46:30 2. L’eau: Allegro moderato
51:25 3. L’air: Allegretto leggiero
55:00 4. Le feu: Allegro agitato

          C'est grâce à la générosité de la...

... que nous pouvons écouter en ligne l'oeuvre complète:


Cliquer sur l'image ci-dessus pour démarrer l'écoute, saisir le curseur avec la souris et le positionner au minutage désiré pour écouter / réécouter le document à partir d'un endroit donné.

Le sommaire de cet épisode «1964» de la série «Poussière d'étoile - Les annales radiophoniques de l`OSR» de Jean-Pierre AMANN:

Maurice RAVEL, Daphnis et Chloë, Suite No 2, M 57b, Orchestre de la Suisse Romande, Charles MÜNCH, 4 novembre 1964

Sergej RACHMANINOW, Rhapsodie sur un thème de Paganini, Op. 43, Arthur RUBINSTEIN, Orchestre de la Suisse Romande, Ernest ANSERMET, 30 août 1964, Salle du Pavillon, Montreux

Frank MARTIN, Les quatre éléments, Études symphoniques pour grand orchestre, Orchestre de la Suisse Romande, Ernest ANSERMET, 7 octobre 1964, Victoria-Hall, Genève, Première audition

Arthur FURRER, extrait du concerto pour violon, Orchestre de la Suisse Romande, Samuel Baud-Bovy, 1964