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Ernest CHAUSSON, 1890, Cliquer sur la photo pour une vue agrandie et les références
Jacques THIBAUD, Paris, février 1939, ParisEnImages © Boris Lipnitzki/Roger-Viollet, Cliquer sur la photo pour une vue agrandie et les références
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Kopf Bild Ansermet 155 250
Ernest CHAUSSON
Poème pour violon et orchestre, Op. 25
Jacques THIBAUD
Orchestre de la Suisse Romande
Ernest ANSERMET
lundi 17 mars 1941
Théâtre Municipal de Lausanne

Ernest CHAUSSON composa son poème pour violon et orchestre à la suite d'une demande d'Eugène YSAŸE, qui désirait un concerto pour violon. Ernest Chausson préféra toutefois composer une oeuvre plus courte: dans une lettre à Eugène Ysaÿe du 7 Juillet 1893 il écrivait "[...] Je ne vois donc guère le moyen de penser à un concerto, qui est une bien grosse chose, difficile en diable, et si délicate à écrire. Mais un morceau seul pour «violon et orchestre», j’y ai songé. Ce serait un morceau d’une forme très libre avec de nombreux passages où le violon jouerait seul. [...]". Ernest Chausson ne commença toutefois de l'écrire que près de trois ans plus tard, en avril 1896, pendant un séjour à Florence, et le termina le 29 juin suivant.

L'oeuvre est d'un seul tenant, divisée en trois sections enchaînées. Ernest Chausson s'est inspiré d'une nouvelle d'Ivan Tourgueniev, Le Chant de l'amour triomphant (1881), récit fantastique situé à Ferrare au XVIe siècle, dans lequel une mélodie jouée au violon produit un envoûtement:

"[...] Pour toute réponse, Muzio ordonna au Malais d’apporter le violon indien. Ce violon ressemblait assez à ceux d’aujourd’hui; seulement, il avait trois cordes au lieu de quatre, et la table en était recouverte d’une peau de serpent bleuâtre. L’archet, fait d’un jonc très fin, avait la forme d’un demi-cercle, et tout au bout étincelait un diamant taillé en pointe.

Muzio commença par jouer quelques airs traînants et tristes, qu’il disait être populaires, mais qui semblaient étranges et même sauvages à une oreille italienne. Le son des cordes métalliques était faible et plaintif. Mais quand Muzio entonna son dernier air, le même son devint tout à coup plus fort et se mit à vibrer avec éclat. Une mélodie passionnée jaillit sous l’archet, conduit avec une ampleur magistrale. Elle ondulait lentement, pareille au serpent dont la peau recouvrait la table du violon. Et d’un tel feu, d’une joie si triomphante brûlait, brillait cette mélodie, que Fabio et Valeria sentirent leurs coeurs se serrer et que des larmes leur vinrent aux yeux, tandis que Muzio, la tête penchée et appuyée avec force contre son violon, les joues pâles, les sourcils réunis en un seul trait, semblait encore plus concentré et plus grave que de coutume, et le diamant au bout de l’archet jetait, allant et venant, des étincelles lumineuses, comme si lui-même avait été allumé par le feu de cette merveilleuse mélodie.

Quand Muzio s’arrêta enfin, tout en serrant encore le violon entre l’épaule et le menton, mais en laissant retomber la main qui tenait l’archet: «Qu’est cela?» s’écria Fabio. Valeria ne prononça pas un mot, mais il semblait que tout son être répétait la question de son mari.

Muzio posa le violon sur la table, et ayant légèrement secoué ses cheveux, il répondit avec un demi-sourire: «Ceci, c’est une chanson que j’ai entendue un jour dans l’île de Ceylan. Parmi le peuple, on l’appelle le Chant de l’amour triomphant.»
[...]" cité de cette page du site bibliotheque-russe-et-slave.com.

L'impression ressentie par Ernest Chausson en lisant ce texte éveilla en lui "[...] tout le fond vibratile de son âme de musicien et se traduit par l’éclosion du premier thème du poème, phrase d’orchestre à laquelle répond le violon solo, en mi bémol mineur, long frisson plein d’émouvant mystère, d’intense et passionnée douleur. Le morceau tout entier devient par la suite le long cri de cette douleur qui s’exaspère jusqu’au paroxysme, où éclate une phrase du violon solo en mi mineur, accompagnée de triolets à l’orchestre. Peut-être un rayon d’espoir brille-t-il parfois dans tout ce deuil, mais si fugitif, si vite éteint, qu’il exacerbe encore davantage ce long chant de souffrance, jusqu’à son extinction dans une mystique aspiration à la mort.[...]" cité de la brochure-programme d'un concert qu'Ernest Ansermet donna avec son orchestre le 18 février 1923 dans la Salle de la Réformation de Genève, avec Simone Hersent "[...] Prix d'honneur du Conservatoire de Paris, Soliste des Concerts Lamoureux, Pasdeloup et du Concertgebouw d'Amsterdam [...]" interprétant cette oeuvre.

Le dédicataire - Eugène YSAŸE - donna le Poème en première audition au Conservatoire de Nancy le 27 décembre 1896 - l'orchestre était dirigé par Guy ROPARTZ - puis à Paris le 4 avril 1897, aux Concerts Colonne.



Le concert dont est extrait l'enregistrement présenté ici fut donné le lundi 17 mars 1941 au Théâtre Municipal de Lausanne: c'était le 10e et dernier concert de l'abonnement de la saison 1940-1941 (ref.: Gazette de Lausanne du 12 mars 1941, au bas gauche de la page 2).

Un compte-rendu fut publié le jeudi suivant, également dans la Gazette de Lausanne:

"[...] Nous avons goûté le programme établi par M. Ansermet pour le dixième et dernier concert de l'abonnement. Première partie: Schubert-Mozart; deuxième partie: Chausson-Debussy. Deux volets d'un diptyque dressé en l'honneur de la musique dans deux mondes et à deux époques.

La Symphonie No 5 en si bémol de Schubert que chacun rapproche tout naturellement de Haydn avec qui elle a tant de points de ressemblance a été l'objet d'une charmante exécution de M. Ansermet qui en a su rendre la grâce et la bonne humeur. Penser qu'il y eut un temps où nulle catastrophe ne menaçait une musique pareille, abandonnée et sensible!... L'Andante est d'une sérénité qui crée une délicieuse impression de repos. Le Menuet, d'abord enjoué, se colore en suite d'une poésie souriante avant de retrouver toute sa verve. L'oeuvre entière respire la joie et la Gemütlichkeit. Schumann notait que les oeuvres pianistiques de Schubert faisaient sentir comme un orchestre latent. C'est que son âme était toujours peuplée par les voix symphoniques que nous avons écoutées lundi soir.

L'apparition de Jacques Thibaud sur la scène a été saluée de longs applaudissements. Il y a bien longtemps que nous n'avions vu semblable accueil: il semblait que notre public ne pût se lasser de témoigner ses sentiments à l'égard d'un messager qu'il aime entre tous et qui, cette fois, revenait, hélas! ravagé par le double deuil d'un Français et d'un père. On a trouvé une association étroite entre la musique jouée par le grand violoniste et les sentiments qui le devaient troubler, en sorte que l'émotion de l'admirable Concerto de Mozart a été portée à son comble.

Thibaud a fait ensuite passer par son violon le frisson qui parcourt le Poème, de Chausson, «long cri de cette douleur qui s'exaspère jusqu'au paroxysme». Ce désespoir traduit par un artiste qui, si souvent s'était fait pour nous l'écho de la grâce et des enchantements de la musique heureuse, avait quelque chose de déchirant et nous a fait sentir plus étroitement le voisinage de ceux qui traversent une si cruelle épreuve.

Comme de coutume, M. Ansermet a voulu clore la série des concerts de l'abonnement par une oeuvre de sa prédilection. Nous avons donc entendu les trois esquisses symphoniques de La Mer, de Debussy, qu'il a dirigées avec une sûreté, une poésie et un raffinement de sonorités dignes de tout éloge. Nous avons souvent dit que dans ces occasions-là le chef de l'Orchestre romand atteint un très haut rang parmi ses pairs. Il nous plaît de le répéter et de l'assurer de la gratitude des Lausannois qui ont suivi les concerts de cette saison. Ils se demandent comment ils se passeront pendant de longs mois des bel les heures qu'ils doivent à notre orchestre.

Mais il s'agit de préparer la saison prochaine, aussi à l'entr'acte, M. le Dr Blanchod est-il venu administrer aux souscripteurs la piqûre annuelle qui doit stimuler leurs énergies. Il l'a fait, à son habitude, avec esprit et avec la confiance d'un Docteur Tant Mieux. Nul doute que l'avenir lui donne raison, une fois de plus: c'est là tout ce que peuvent demander les amateurs de musique!

R. de C. [...]" cité de la Gazette de Lausanne du jeudi 20 mars 1941, page 3.

L'enregistrement fut diffusé sur Sottens le dimanche 30 mars 1941 (ref.: Gazette de Lausanne du 30 mars 1941, page 7 en haut à gauche) et heureusement soigneusement conservé dans les archives de Radio-Lausanne resp. de la Radio Suisse Romande. Il marque certes son âge, mais c'est un document exceptionnel, et - vu les moyens de l'époque - d'une qualité audio remarquable!

Voici donc...

Ernest CHAUSSON, Poème pour violon et orchestre, Op. 25, Jacques THIBAUD, Orchestre de la Suisse Romande, Ernest ANSERMET, lundi 17 mars 1941, Théâtre Municipal de Lausanne

     Lento e misterioso - Molto animato - Animato - Poco lento
     - Poco meno lento - Allegro - Tempo I - Finale, Tranquillo 16:11

Provenance: Radiodiffusion, Archives RSR resp. RTS

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Ernest CHAUSSON, 1890
Ernest Chausson, Date d'édition: 1890, photographie, format: 14 x 8,5 cm, Droits: domaine public, Identifiant: ark:/12148/btv1b8416388k, Source: Bibliothèque nationale de France, département Musique, Est.Chausson001, Notice de recueil, Notice catalogue, Photo d'origine